La Commission européenne propose de reporter à fin 2025 l'entrée en vigueur de sa loi contre la déforestation
Ce possible recul fait bondir les ONG environnementales. Sous la pression des Etats-Unis, du Brésil, mais aussi de l'Allemagne, la Commission européenne a proposé, mercredi 2 octobre, de reporter d'un an, à fin 2025, l'entrée en vigueur de sa loi contre la déforestation. Ce nouveau règlement devait interdire, à partir de fin 2024, la commercialisation dans l'UE d'une série de produits en provenance de terres déboisées après décembre 2020, parmi lesquels du cacao, du café, du soja, de l'huile de palme, du bois, de la viande bovine, du caoutchouc, du cuir, de l'ameublement ou encore du papier.
La loi doit également contraindre les entreprises importatrices, responsables de leur chaîne d'approvisionnement, à prouver la traçabilité des produits via des données de géolocalisation fournies par les agriculteurs, associées à des photos satellitaires.
Ce report du texte, promulgué en 2023, devra encore être entériné par les Etats membres et le Parlement européen. La proposition de Bruxelles survient après que des "partenaires mondiaux ont exprimé à plusieurs reprises leurs inquiétudes" sur la mise en œuvre de cette loi, assure la Commission. Autre élément de contexte : les tractations en cours pour un accord de libre-échange entre l'UE et les pays sud-américains du Mercosur. La loi anti-déforestation est un obstacle majeur à ce projet défendu par l'industrie allemande et par le chancelier Olaf Scholz, qui a plaidé mercredi pour conclure "rapidement" ces négociations commerciales.
"Un acte de vandalisme envers la nature"
Reporter cette loi, c'est "comme jeter un extincteur par la fenêtre" alors que le "bâtiment est en feu. C'est un acte de vandalisme envers la nature", a fustigé l'ONG Mighty Earth. C'est un coup de "tronçonneuse" de la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a dénoncé Greenpeace. "Les Européens ne veulent pas de produits issus de la déforestation dans les rayons des supermarchés", a fait valoir cette organisation.
A l'origine de 16% de la déforestation mondiale par le biais de ses importations, l'UE est le deuxième destructeur de forêts tropicales derrière la Chine, selon le Fonds mondial pour la nature (WWF).
Lors de la COP 26, à Glasgow, en 2022, les dirigeants d’une centaine de pays représentant la grande majorité des forêts du monde s'étaient engagés à stopper la disparition de ces forêts d’ici à 2030. Malheureusement, la poursuite de la conversion de certaines zones boisées en zones agricoles pour l'élevage ou la culture, du soja notamment, continue de faire des ravages. Or, outre l'importance qu'elles jouent dans la préservation de la biodiversité, les forêts sont essentielles pour réguler le climat, grâce aux arbres qui stockent naturellement du CO2, principal gaz à effet de serre, dont la quantité dans l'atmosphère a explosé depuis le début du XXe siècle en raison des activités humaines. Déboiser équivaut à augmenter les émissions de carbone, qui renforcent l'effet de serre. Ces émissions liées à la déforestation ont ainsi augmenté de 6% en 2022.
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